spectacles

Chantier Fabbrica

Poème symphonique pour cent métronomes, György Ligeti (1962), La Fabbrica illuminata, Luigi Nono (1964), Pièce pour un danseur, altiste, vidéo et quatre haut-parleurs (Compagnie le Grain 2014).

Conception et mise en scène Christine Dormoy • Dramaturgie selon Pasolini et Didi-Huberman • Scénographie Philippe Marioge • Son Nicolas Deflache • Vidéo Dominique Aru • Lumières Jean-Pascal Pracht • Costumes Cidalia da Costa • Assistante à la mise en scène Élodie Bremaud • Collaboration artistique Nathalie Gendrot, Alvise Vidolin, Jean Haury • Régie générale Ladislas Rouge
Avec : Isabel Soccoja mezzo-soprano ou Sevan Manoukian soprano, voix,Olivier Renouf danseur, Chris Martineau violon alto

 

« Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire disparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc  nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté de désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de dire le non de la lueur qui nous aveugle. » Georges Didi-Huberman, Survivance des lucioles, Minuit, 2009. 

Extraits Fabbrica - Chantier Musée du Saut du Tarn - Cie Le Grain
Isabelle Soccoja rencontre les ouvriers du Saut du Tarn
Reportage France 2
© F. Desmesures - Fabbrica - Musée du Saut du Tarn
Fabricca - Chantier Musée du Saut du Tarn



"Quand le public entre, les 100 métronomes sont déjà en mouvement et chacun peut prendre sa place dans le dispositif bi-frontal au son de cette polyrythmie mécanique. Les métronomes s’arrêtent les uns après les autres. Plus que trois. Plus que deux. Un seul persiste, puis le son s’arrête, quelques secondes après le balancier s’immobilise. 
Métaphore de la vie. Métaphore de l’usine ? La chanteuse s’avance pour nous conter La Fabbrica illuminata de Luigi Nono.

Selon  l'éclairage, les  murs matiérés par les photographies de visages d’ouvriers font ressurgir des pans de mémoire parfois redéployés dans les projections vidéo. La musique de Luigi Nono redonne à l’ancienne usine son écorce sonore. Notre émotion alors alterne entre empathie et nostalgie, puis interrogation. Que faire maintenant dans ces espaces désertés ? – alors que bascule de l’autre côté du globe, le travail et ses cadences infernales de production. Restent avec la chanteuse dans l’espace un danseur, les métronomes muets, et vous spectateurs. Dans quel temps sommes-nous ? 

Fabbrica in situ est une forme de poème dédié à la matière du temps."

 

Christine Dormoy, note d’intention en cours de chantier, St Juéry, février 2014.